"Pontus Hultén est surtout connu pour le travail qu'il a accompli comme directeur du Moderna Museet à Stockholm et du Musée National d'Art Moderne au Centre Georges Pompidou à Paris. Il a aussi travaillé dans plusieurs musées aux Etats-Unis, en Allemagne et en Italie .Mais ce qu'on sait moins c'est qu'il a créé, vers la fin des années quarante et tout au long des années cinquante, un certain de nombre de films expérimentaux.
En 1949, en collaboration avec Hans Nordenstöm, Pontus Hultén tourne Det tryckta ordet 500 dr (500 ans de mots imprimés) où il manifeste à l'égard du moyen d'expression qu'est le cinéma, un radicalisme et une liberté inhabituels. Ce film, créé en hommage, à Gutenberg, lors du cinquième centenaire du mot imprimé, est réalisé avec des moyens simples et à partir de prises de vue uniques. Le film anime des lettres qui se déversent en un torrent illisible (voir Hans Nordenström).Dans les années cinquante, Pontus Hultén habite épisodiquement à paris, et il y fait connaissance de l'artiste américain Robert Breer, qui se consacre à la peinture au sein d'un courant au sein d'un courant artistique inspiré de Piet Mondrian et de Wassily Kandisky. Il voit dans le cinéma la possibilité de s'essayer à une nouvelle forme d'expression.
Pontus Hultén et Robert Breer, réalisent ensemble en 1954 Ett Mirakel (Un miracle), un film d'une minute. Ils utilisent la technique du film d'animation et créent sous la forme du collage cinématographique une satire pleine d'humour sur le Saint Père. (
)
Après Ett Mirakel, Pontus Hulén tourne en 1955, avec Hans Nordenström et Gösta Winberg, En Dag i Satden (Une journée dans la ville). C'est en 1957 que Pontus Hultén tourne x, son dernier film, qui peut-être vu comme un jeu avec les possibilités du collage cinématographique d'animation. Des formes et des couleurs géométriques alternent sur un rythme de jazz. Dans la séquence finale, un série documentaire fait rupture : évoquant le film de vacances , elle et tournée dans un jardin et remplace subitement les formes géométriques. Pontus Hultén devient le premier directeur du Moderna Museet à Stockholm, et son intérêt pour le film non commercial et expérimental prend une place importante dans les activités du nouveau musée. Il écrit lui-même sur cette période pionnière de la fin des années cinquante (
). Le film expérimental joue un rôle important dans la percée de l'art moderne en Suède durant les années cinquante. On considérait que le film expérimental faisait partie intégrante de l'art cinétique, mouvement artistique au centre de l'exposition légendaire de 1961 au Moderna Museet Rörelse i konsten (Mouvement dans l'art). On y montrait toutes les expressions artistiques possibles : "films et programmes de films, jeux de lumières, happenings et concerts, tout ce qui pouvait mettre en lumière une conception dynamique de la vie et de l'art".
Dans les années soixante, Pontus Hultén ne réalise plus de films reposant sur la même conception. Mais fort de son statut de directeur du Moderna Museet , il oeuvre pour la diffusion du film expérimental en Suède."
H.O. in "L'Art du Mouvement", édition Centre Pompidou, Paris, 1996, p.203-204
