"Grande figure du cinéma en général et pionnier du cinéma belge en particulier, né le 5 septembre 1907 à Ostende, Henri Stock connaît son baptême cinématographique à l'âge de huit ans, en accompagnant ses parents dans une brasserie de la ville pour y voir Quo vadis ? d'Enrico Guazzoni.
C'est sous l'influence de Robert Flaherty qu'il crée le ciné-club d'Ostende en 1928, avant de passer lui-même à la réalisation par une série de films courts consacrés à sa ville. Images d'Ostende (1930) ou Une idylle à la plage (1931), qui sont parmi les premiers films tournés hors des studios, révèlent ainsi un cinéaste de la célébration du paysage, qui solennise avec un lyrisme pictural la rencontre de la terre, du ciel et de l'eau, tandis que Pour vos beaux yeux (1927) ou La mort de Vénus (1930), réalisés en collaboration avec le peintre Félix Labaisse, trahissent son inclination surréaliste.
Il signe également en 1932 ne remarquable Histoire du soldat inconnu, belliqueux film de montage antimilitariste, redécouvert à Paris en 1995, à l'occasion d'une rétrospective consacrée à la Galerie du Jeu de paume au found footage.
Avec ses films d'animation réalisés directement par grattage sur la pellicule, aujourd'hui disparus, par le collage et le détournement d'images dans Sur les bords de la caméra, Henri Storck est le précurseur de techniques que nombre de cinéastes expérimentaux reprendront à leur compte plus tard.
En 1933, on le retrouve acteur dans Zéro de conduite de Jean Vigo, dont il est aussi l'assistant, et dont il adopte "le point de vue documenté" dans Misère au Borinage, coréalisé avec Joris Ivens : filmant au côté des mineurs en grève, victimes de la crise, dans le bassin du Hainaut, Storck prend pathétiquement fait et cause et signe le premier documentaire spécifiquement social réalisé en dehors de l'URSS.
Au cours de sa carrière, il s'attache plus spécifiquement aux us et coutumes, fêtes et traditions de la Belgique par le biais de nombreux documentaires.
Consacrant la fin de sa vie à soutenir diverses structures de formation cinématographique, Henri Storck aura légué aux jeunes générations le meilleur exemple du cinéma belge, étrange expérience de laboratoire où la commande institutionnelle et la liberté créatrice se combinent contre les arguments strictement commerciaux
Henri Storck est décédé le vendredi 17 septembre 1999 à l'âge de 92 ans. Il aura accompagné ce siècle sous les auspices privilégiés de l'avant-garde, du documentaire et d'un engagement artistique qui n'aura jamais failli."
Un hommage à Henri Storck, pionnier du film documentaire et du cinéma Belge par Le Cinéma Jean Vigo et Ethnicolor / Chercheurs d'Ombre, cinémathèque du mardi 25 avril 2000, Bordeaux.