"Né en 1830 à Beaune, médecin de formation, Etienne Jules Marey devint dans la seconde moitié du XIXème siècle un physiologiste (marginal) de grand renom. Marey estimait que l'animal, l'homme compris, devait être considéré comme une machine. Il inventa d'abord des appareils de mesure servant à l'enregistrement graphique de phénomènes physiologiques. Mais rapidement, il s'attaqua au plus grand des problèmes, à celui qui détermine et rend compte de toute vie : le mouvement".
Il nota immédiatement la nécessité, pour rendre compte de ces phénomènes de la vie traduits par le mouvement, de les capter dan le déroulement du temps. "La nouvelle physiologie, indique Michel Frizot, passe donc par l'inscription précise des états successifs des corps en fonction d'un temps lui aussi mesuré précisément."
Les premières recherches de Marey seront conditionnées par cette nécessité de perfectionner les enregistreurs en usage.
Son intérêt pour la photographie ne sera, par la suite, qu'une étape vers la précision, la vérité, la "preuve absolue".
En 1882, après avoir inventé son fameux "fusil photographique", Marey mit au point la "chronophotographie" sur plaque fixe. Il va enregistrer sur une même plaque, une série d'images successives représentant les différentes positions qu'un être vivant cheminant à une allure quelconque a occupées dans l'espace à une série "d'instants connus" ainsi qu'il l'écrit dans un compte rendu à l'Académie des Sciences.
En 1888, il inventa un appareil dont les vues successives sont prises par une bande de papier sensible de 9 cm de large
Ces prises de vue se suivant sur une bande à une cadence suffisante pour recréer l'illusion du mouvement sont en fait le fondement même du cinéma
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Michel Nuridsany, "Marey, analyste du mouvement", Le Figaro, Fev 1978.