"Stephen Dwoskin, d'origine russe, né à Brooklyn, découvre et participe à l'avènement de l'avant-garde dite "underground" de 1959 et 1964 à New York, lors des projections de films d'avant-garde organisées par Jonas Mekas et celles des rushes des artistes et cinéastes entre Soho et Greenwich Village. Dix ans plus tard, son film Film is présente une richesse d'information et d'analyse qui le dispense des références convenues, tout en éclairant sa cinématographie qui comprend à ce jour une trentaine de films. À partir de 1964, il s'installe à Londres et en 1966 il participe à la création de la London Filmmakers Coop, sans s'affilier à aucun groupe ni à aucun courant.
Dès son premier film, Asleep, réalisé en 1961 à New York, délaissé la voie narrative mais maintenant la présence de personnages, il construit son oeuvre sur une configuration élémentaire du cinéma formée d'une caméra, d'un cinéaste, d'un personnage- une femme ou plusieurs- et des évènements qui résultent de leur mise en relation. Cette configuration qui a explicitement partie liée avec la sexualité n'est pas sans rapport avec celle des premiers films d'Andy Warhol, mais s'en distingue par l'impassibilité attentive que Stephen Dwoskin porte à l'objet et à la rythmique de ses films. On évoque cycliquement à leur propos voyeurisme, sadisme, masochisme. Plus essentiellement ces films formant le degré zéro d'un cinéma expérimental sans histoire, mais avec des jeux et des positions de la caméra, et avec des actrices (ou acteurs) et l'illimitation de leurs postures, gestes et expressions."
Claudine Eizykman