Première présentation publique le 7 décembre 1951 au Ciné-Club du Quartier Latin, Paris.
"Le film est déjà commencé? est la première tentative de brisure du cadre normal de la représentation cinématographique.
Cette "séance de cinéma" s'attache aux différents termes du spectacle filmique : son, image, écran, salle, et les bouleverse séparément. Elle les réintègre ensuite dans un combiné théâtral complexe qui comprend :
1- Une image au montage accéléré en dischronisme avec le son. Cette image est elle-même "ciselée", c'est à dire qu'on a dessiné sur les vues des motifs abstraits, symboliques ou anecdotiques qui ajoutent au sens de celle-ci.
2- Un son conçu comme un en-soi indépendant, qui comprend : a) une réflexion esthétique et économique sur l'art du film b) une description d'une séance de cinéma imaginaire dont la forme s'inspire des découvertes romanesques de Joyce c) une introduction a priori des critiques diverses que l'on pourrait faire au film venant des divers horizons esthétiques ou politiques. Le tout est mixé sur musique nouvelle : le lettrisme.
3- Une élévation de l'écran du poste de machiniste au rang de vedette, c'est à dire l'introduction d'un écran esthétique nouveau (non pas un écran mécanique perfectionné, comme l'écran donnant le relief à l'image) qui jouera dorénavant un rôle primordial dans le nouveau combiné cinématographique.
4- L'introduction dans la salle d'acteurs avec une mise-en scène les mouvant dans le cadre de la représentation elle-même et en rapport avec le film.
Offrir aux jeunes qui voudraient un cinéma à eux, à cette génération des ciné-clubs qui est la nôtre, un terrain neuf pour les Griffith, Stroheim, Eisenstein encore inconnus ..."
Extrait de la dernière de couverture du livre "Le film est déjà commencé?" de Maurice Lemaître, 1952.