"Mes excrétions cinématiques comportent quatre variétés : abstractions batikées (teinture procédée par masques succésifs, ndlr) directement sur le film entre 1939 et 1946 - études non-objectives par impression optique composées vers 1950 - collages animés semi-réalistes réalisés dans le cadre de mes travaux d'alchimie de 1957 à 1962 - surimpressions chronologiques de vues réelles photographiques...
Tous ces travaux ont été organisés selon des motifs précis tirés des rythmes mêlés de la respiration, du coeur et des composantes alpha des EEG (electro encéphalogrammes) et devraient être observés dans l'ordre ou pas du tout, car ils sont des travaux précieux, des travaux qui vivront pour toujours -ils m'ont donné des cheveux blancs.
#1 Animations dessinées à la main de formes malpropres - l'histoire des périodes géologiques réduites à la durée d'un orgasme.
#2 Animation au batik, etc, etc... L'action se situe soit à l'intèrieur du soleil ou à Zurich, en Suisse.
#3 Animation au batik faite de carrés morts, le plus complexe des films dessinés à la main qu'on puisse imaginer.
#4 Abstractions en noir et blanc de points et de grilles réalisées en une seule nuit.
#5 Abstraction colorée. Un hommage à Oscar Fischinger - une séquelle du numéro 4.
#7 Impressions optiques pythagoriciennes en quatre mouvements, à base de carrés, cercles, grilles et triangles avec un interlude à propos d'une expérimentation.
#10 Une exposition du Bouddhisme et de la Kabale sous forme de collage - la scène finale montre des champignons aquatiques poussant sur la lune tandis que le héros et l'héroïne font de l'aviron sur une cervelle."
Harry Smith, in catalogue New York Fim-makers' Coop n° 6, 1975.
Early abstraction réunit en 7 films la première période (1939-1951) de son oeuvre, celle-ci étant marquée par 3 phases. La découverte de la peinture directe sur film le place parmi les découvreurs du procédé et les grands "peintres de films" avec un style singulier allant de formes organiques instables (#1) aux complexes et luxuriantes géométries animées de #2 et #3. Puis, sous l'influence des frères Whitney, il travaille les surimpressions optiques de formes géométriques lumineuses (#4, #5, #7). Enfin #10 présente un collage animé en couleurs, réalisé à partir de milliers de découpages dont les combinaisons savantes créent les mouvements et les métamorphoses d'êtres et de décors multiples, d'actions mystérieuses."
Dominique Willoughby