"Dans plusieurs philosophies et plusieurs religions, on trouve souvent l'idée parfois le dogme que la transcendance serait la fusion des contraires. Dans il est possible que cette fusion soit atteinte par la vélocité. J'ai déjà dit et je me citerai en disant que New York Eye and Ear Control est la philosophie, Wavelength la métaphysique et la physique." Par cette métaphore je voulais dire la transformation de la matière en énergie: E=mc2 . Continuant ce processus La Région Centrale devient simultanément micro et macro, cosmique et planétaire, par l'action et la réaction. Elle est au-dessus de ces phénomènes.
Ce film devrait aussi présenter le dialogue le plus clair entre ce que l'on identifie ordinairement "le ciel" et l'effet physique et réel de l'image-lumière projetée en mouvement dans l'oeil et dans l'imagination. La Région (centrale) n'est pas seulement un documentaire photographiant un endroit particulier à différents moments du jour, mais c'est aussi et surtout une source de sensations, une mise en ordre, une composition des mouvements de l'oeil et de l'oreille interne. Le film commence ici, respectant la gravité de notre situation, mais plus il se déroule, plus il voit comme une planète voit. Le haut baisse le haut, le bas hausse le bas, le haut hausse le haut (...). Il ne s'y trouve personne d'autre que vous (la machine ?) et l'extraordinaire lieu sauvage. Seul.
Dans La Région (centrale), le cadre est très important puisque l'image passe à travers celui-ci constamment. Le cadre comme paupière. Il peut sembler triste de constater qu'une forme doive pour exister avoir des frontières, des limites, un lieu, une mise en scène. Le contenu du rectangle peut être précisement cela. Dans La Région (centrale) le cadre souligne l'admirable mais tragique continuité du cosmos puisqu'elle se déroule sans nous."
Michael Snow, traduit de Film Culture n° 52, printemps 1971, p.61 et 63.