"Dans ce petit film de 25 minutes -cinématographiquement parfait- le sous-titre fonctionne comme la clef de la tonalité musicale : "La présence statufiée de l'épopée ancienne". L'épopée ancienne est celle de la classe bourgeoise déjà vieillie et qui survit momifiée dans les produits de sa culture. Le film n'a pas d'histoire (récit au sens traditionnel, ndlr) et est structuré d'une façon purement musicale et non pas surréaliste, comme diraient certains.
D'ailleurs, le magnifique usage continuel sur la bande sonore de la 2ème Symphonie et du Chant de la Terre de Mahler (...) ne laisse aucun doute que le film doit être lu comme un poème symphonique. L'histoire prétexte pour le fonctionnement musical de la structure : une famille de grands bourgeois entre dans son palais ancien dominé par la présence statufiée d'une gloire incarnée par l'art (Le lieu du tournage est l'Achilleion de Corfou, le palais construit par l'impératrice Sissi d'Autriche, ndlr). Il s'agit, à proprement parler de l'espace vital du grand bourgeois, homologue à celui de Proust qui ne pouvait vivre qu'à travers son art, chose qui signifie qu'il est impossible à la classe bourgeoise d'exister de façon autonome en dehors de la serre de verre de son art. Le "vivre esthétiquement" est la condition nécessaire pour la survie même, mais désormais seulement dans le domaine des idées. Dans le domaine de la pratique quotidienne, cette survie est morte, parasite et fantôme depuis des années. Tous ces fantômes qui traînent dans l'espace fantômatique du palais signifient une façon de vivre complètement aliénée. Nous ne pensons pas avoir vu dans un film grec une caméra qui évolue aussi admirablement dans le décor. Et jamais un décor de film grec n'aura eu une telle autonomie d'expression."
Pandelis Voulgaris, in To Vima, mardi 5 octobre 1976. (traduction Georges Mara d'Ejove).