"Les éléments en suspension de Mosaik im Vertrauen sont :
1) un documentaire sur l'accident survenu aux 24 heures du Mans et qui tua de nombreuses personnes ;
2) un vagabond aidant une jeune fille à rentrer son linge puis passe la nuit à discuter avec des ouvriers près des voies de chemin de fer ;
3) Michaela, un élégant mannequin et son chauffeur ;
4) un jeune homme arrogant devant un portail avec la jeune fille qui rentrait son linge ;
5) des scènes de chemin de fer. Cette liste n'épuise pas les éléments visuels du film ;
Le film tisse ces scènes fragmentées en mêlant prolepses, flash-backs, ellipses et synecdoques à des illusions d'interconnections spatiales et temporelles des façons suivantes : tôt dans le film un flash d'une seule image montre une silhouette travaillant sur des rails, penchée en avant et regardant à travers ses jambes, et anticipe un plan plus long de cette image. Vers la fin du film, un flash-back rappelle le discours du jeune homme arrogant à la jeune fille : "tu finiras par t'amouracher de moi". Dans la première occurence de la scène, elle répondt "Crois-tu vraiment?". Plus tôt elle avait utilisé la même expression avec le vagabond qui l'aidait à rentrer son linge. Le flash-back suit une scène du mannequin sortant de sa voiture, également insérée plus tôt dans la première présentation du portail. Alors que son élégante chaussure touche le sol, l'évènement synchrone ("synch event") est une coupe directe vers la vue et le son de l'accident du Mans - elle balance ses hanches au son d'un fragment de musique précisement placé et suivi du mot-clé du discours du jeune homme "verfallen". Une répétition de ce mot ramène un flash-back du couple devant le portail. Le réseau d'associations visuelles et auditives dans cette brève section du film est caractéristique de l'ensemble de sa construction."
P. Adams Sitney, Visionary Film/ The American Avant-garde, New Oxford University Press, 1974, p. 338-339.