"J'ai choisi le cinéma pour mode d'expression personnel parce que sa puissance dérange : il est le plus sûr moyen d'amener un changement... Comme forme d'art, il dépasse "l'esthétique" et devient l'expérience. Mon cinéma "vit" quand le spectateur oublie qu'il voit une oeuvre d'art!"
Kenneth Anger.
Kenneth Anger nait le 3 février 1927 à Santa Monica près de Los Angeles. Sa grand-mère est habilleuse à Hollywood, à quatre ans il suit les cours de danse de Theodore Koslott, danseur dans la troupe des Ballets Russes de Diaghilev, et tourne à cinq ans dans Le Songe d'une Nuit d'Eté de Max Reinhardt.
Entre 1937 et 1945 il réalise sept films. En 1947 il réalise Fireworks. Il séjourne ensuite à Paris où il rencontre Jean Cocteau, tourne La lune des Lapins, et travaille à la Cinémathèque Française où il entreprend de conformer une copie du film d'Eisenstein Que viva Mexico au scénario original.
Il publie en français chez Jean-Jacques Pauvert son livre "Hollywood Babylone", dont une deuxième version américaine paraît en 1975, une troisième étant en préparation. Il séjourne ensuite sur la côte Est des Etats-Unis, puis à Londres dans les années soixante où il se lie avec Mick Jagger, puis retourne en Californie où il vit actuellement.
"Pour Kenneth Anger le halo de "scandale" et l'aura du cinéaste, pas plus que celle de mystère ou de magie qui entoure sa vie, ne saurait s'opposer, car le cinéaste est l'incarnation du rebelle pour notre époque dont il explore explicitement les mytes actuels et lointains: des mises en scènes des mythes sexuels contemporains (des années 40-60) à celles issues de la mythologie égyptienne, indienne, grecque,...voire hollywoodienne, Kenneth Anger n'a cessé de les façonner selon sa préoccupation cinématographique de la lumière et avec son sens affirmé de l'ironie: "J'ai une approche ironique...c'est ma façon de regarder les choses..." (atténuant ainsi la charge produite par les svastikas et l'image d'Hitler dans Scorpio Rising). Ce faisant il posait dès l'âge de 20 ans le cadre dans lequel son oeuvre sera appréhendée par ses commentateurs."
Claudine Eizykman, "Hommage à Kenneth Anger", Un Cabinet d'Amateurs n°14, Juillet 1994, Paris.